21 décembre 1915.
Il neige.
Une attaque de notre part doit être tentée aujourd’hui dans le secteur de Thann, à l’effectif de quatre divisions, avec 700 bouches à feu, dont les mortiers de 370. Pour faire diversion les batteries de notre secteur arrosent le Reichacker, l’Ilienkopf et les villages voisins. Notre batterie envoie quarante obus sur Mühlbach. Dans la bourrasque de neige qui les aveugle les servants ont des difficultés inouïes à opérer leur tir. Les pièces, lentement, disparaissent sous la neige qui les assaille. Les roues sont attaquées, des rayons disparaissent, puis d’autres, puis, vers le soir la neige a atteint les essieux. Le tir est devenu impossible. Demain matin, y aura-t-il trace de canons parmi les hêtres rabougris de Schmargult ?[…]
Combattre dans ces conditions n’a guère de sens..
Mais bon, il faut satisfaire les élucubrations des généraux loin du front et de leurs états-majors…La troisième ou quatrième étoile attend, la promotion dans la LH aussi, alors allons-y !!
Une telle opinion en 1915 m’aurait conduit en Conseil de guerre avec à la clé une condamnation plus ou moins lourde pour » défaitisme » alors qu’il ne s’agit que de simple bon sens…
Mais le simple bon sens, chez certains militaires officiers généraux en 1915, parfois anciens colonels Ramollot pour quelques-uns d’entre eux…Du style :
» J’vous f… d’dans moi, pour la chose que j’vous dis, tendez bien c’que j’vous parle…Mémorez-vous la chose du 10 décembre dernier, s’ous plait, et récitez c’que vous savez ! «