12 février 1916.
J’ai fait faire à mes Norvégiens le tour d’une partie de leur secteur. Il fait un épais brouillard qui nous change rapidement en bonshommes de neige. Avec nos skis nous arrivons, à force de tâtonnements à travers la brume, au Hohneck où nous trouvons une section d’infanterie, isolée là complètement et vivant dans la cave de l’hôtel où le lieutenant Chevrol nous offre un thé réconfortant. Mes Norvégiens voudraient bien être marmités. Je crois même que c’est surtout dans cet espoir que ces tout jeunes gens, dont la curiosité souffre d’être neutre, sont venus sur le front. Hélas ! aujourd’hui le Hohneck ne reçoit rien. Nous revenons par les crêtes du Lindebühl, lourds de glaçons qui pendent à nos cheveux et à nos moustaches. […]
certains par curiosité souhaitent être » marmités », le grand nombre de ceux qui ont vécu cette déplaisante épreuve n’en souhaite pas particulièrement le renouvellement…
Gageons que nos jeunes Norvégiens ayant enfin goûté à l’expérience du » marmitage », l’apprécieront sans doute beaucoup moins ensuite…