17 mars 1916.
Après le déjeuner, dans la fumée des cigares et des pipes, Loedlein joue au piano Le Printemps de Grieg. De temps en temps une secousse ébranle la cabane, fait s’entrechoquer les verres et tomber la cendre religieusement conservée par le commandant Delamare au bout de son cigare : c’est un gros obus qui éclate. Nous n’y prenons point garde. Vautré dans un rocking-chair rapiécé, stoppé avec de la ficelle, qu’un courageux planton nous a rapporté l’autre jour des ruines de l’Altenberg, je suis tout à Grieg et nullement à Krupp.
même durant une guerre aussi atroce et des opérations meurtrières, il faut savoir se réserver des moments de civilisation…Alors soyons tout à Grieg et au cigare !