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Je croyais l’avoir égaré, oublié chez l’une de mes copines lectrices. Je viens de le retrouver sur l’une de mes étagères …chargées de livres. Alors  je m’empresse de vous faire partager le dernier récit de Jeanette Winterson, paru au printemps.

Avec « Pourquoi être heureux quand on peut être normal  ? », cette Anglaise, figure du mouvement féministe, signe un témoignage fort et bouleversant. Une tranche de vie. Loin des cadres et de la normalité codifiée.

 

Agée de 53 ans, Jeanette Winterson est née en Angleterre à Manchester. Elle a grandi dans une famille d’adoption à Accrington. Entre une mère bigote qui n’a pas appris à aimer et un père effacé.

 

En 1985, elle publie « Les oranges ne sont pas les seuls fruits ». Un livre qui ne traversera la Manche que six ans plus tard. Le ton de ce roman, son histoire, font de la jeune femme d’alors une icône féministe. Il sera d’ailleurs adapté pour la télévision au Royaume-Uni, avec un réel succès.

Vingt-cinq ans plus tard, l’auteure revient avec ce récit intitulé « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » . Un retour sur un pan de son histoire. Depuis son premier roman, en effet, Jeanette Winterson a entamé des recherches pour retrouver sa mère biologique. Et a fini par la retrouver.

Au fil des 271 pages, l’auteure raconte son enfance, son adolescence et sa vie de femme. Entre une mère adoptive qui, chaque jour, attend de pied ferme l’Apocalypse, et un père fuyant.

Celle d’une homosexuelle qui se fout des conventions. Qui veut être libre. Et heureuse. D’où ce titre, tiré d’une réflexion de sa mère adoptive, la fameuse et terrible Constance alors que la jeune Jeanette, adolescente, cherche le moyen de fuir la petite ville industrieuse d’Accrington. Nous sommes dans les années 70. Reste la lecture puis la découverte de l’écriture. Un premier pas vers la liberté.

Extraits

 Page 9 : « Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait  : “Le Diable nous a dirigés vers le mauvais berceau” […] Ma mère elle-même était une dépressive truculente ; une femme qui cachait un revolver dans tiroir à chiffons et les balles dans une boîte de produit nettoyant Pledge. Une femme qui passait ses nuits à faire des gâteaux pour ne pas avoir à dormir dans le même lit que mon père. »

Page 27 : « […] Nous étions la classe laborieuse. Nous étions la marée humaine à l’entrée de l’usine. Je ne voulais pas faire partie de la masse grouillante des classes laborieuses. Je voulais travailler, mais pas comme lui. Je ne voulais pas disparaître. Je ne voulais pas vivre et mourir dans le même endroit avec tout juste une semaine à la mer entre les deux. »

 Page 193 : « […] Et les livres n’avaient pas fini de me sauver. Si la poésie était une bouée de sauvetage, alors les livres étaient des radeaux. Dans mes moments les plus fragiles, je tenais en équilibre sur un livre, et ces livres m’ont portée sur des marées d’émotions qui refluaient en me laissant trempée et anéantie. L’émotion. Moi qui voulais ne surtout rien éprouver. »

Mon avis

Ce récit, je l’ai choisi à cause de son titre… et grâce à l’avis éclairé d’une libraire bretonne. J’ai découvert cette auteure, cette femme au parcours si peu banal. J’ai aimé son itinéraire intellectuel raconté tout au long de ce récit fort mais sans pathos. Au final, voilà une longue confidence truculente et drôle, âpre et crue. L’histoire d’une émancipation. Un parcours de femme. A découvrir. Vraiment.

« Pourquoi être heureux quand on peut être normal », de Jeanette Winterson, Editions de l’Olivier, 21€.

 

 

 

 

 

Une Réponse à “Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?”

  1. Isabelle dit :

    Toutes les fois que je lis l’une de ces critiques, je note le titre consciencieusement dans mon carnet d’achats futurs, j’engrange ainsi toutes ces bonnes idées de lectures à découvrir… Un plaisir ! Beaucoup de qualité dans ces commentaires. Et avis souvent partagés après lectures.

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